Comment une maison d’édition sélectionne-t-elle ses projets ?
Ce sujet est une source de fantasmes et de nombreux débats, mais c’est au final assez simple. Non, il ne faut pas « faire partie du sérail », ni « faire jouer ses relations ». Les choses sont beaucoup plus simples que ça et au final assez transparentes : les projets sont sélectionnés sur leur qualité et leur adéquation avec la ligne éditoriale.
Chez les éditions lapin, nous avons reçu plus de 350 projets sur l’année 2021, mais nous ne publions que 20 à 30 livres par an (ce qui est énorme !). Ainsi notre première limitation est donc notre capacité de production des livres. Nous allons donc concentrer notre attention sur les projets qui suivent nos lignes éditoriales. Cela va nous pousser à favoriser des projets qui nous semblent peu abordés pour la collection Causes en corps, ou encore à refuser des projets aux ressorts humoristiques dits “classiques” pour Strip club… La qualité de la narration sera particulièrement importante. Que l’on parle de gags ou de récits plus longs, l’auteur doit prendre du recul. La profondeur des personnages est tout aussi importante par leur diversité, leur complexité… Nous privilégions d’abord les histoires sur le dessin : bonhommes bâton, usage du copier-coller, bonhommes en forme de patates… Mais même si ces personnages sont travaillés et recherchés, la facilité n’est parfois pas si facile… Il est dur de faire du « mal dessiné » qui fonctionne et soit lisible.
Comment ça se passe quand on reçoit un projet ?
Tout arrive dans projet@lapin.org dont toute l’équipe éditoriale a accès. Chaque éditeur·ice lit quelques projets en ordre dispersé en fonction de leurs habitudes. L’équipe se réunit ensuite, une fois par mois, pour balayer ensemble toute la boîte mail et évoquer les projets qu’elle a préféré. Si un projet a attiré l’attention d’un·e éditeur·ice, il·elle va le défendre et la discussion opère ! L’équipe tombe généralement très vite d’accord. Il arrive que pour certains projets, on demande des éléments complémentaires à l’auteur·ice. Ces projets repasseront soit le mois d’après, soit l’édito conclut plus vite après avoir épluché ensemble les nouveaux éléments. Ensuite, l’éditeur·ice en charge du projet va présenter à l’auteur·ice ses contrats et lui expliquer comment lapin fonctionne et ce qu’il peut attendre de nous.
Par exemple, chez lapin nous vendons via internet (e-boutique lapin,fnac…), ce qui génère des ventes directes et donc un taux de droit d’auteur plus élevé ! Mais nous avons encore du mal à être chroniqués dans des médias d’envergure nationale.
Notre objectif est d’être transparents sur ce que c’est d’être publié en BD indépendante en 2022 ! De débusquer le maximum d’idées reçues pour ne pas donner de faux espoirs ou des illusions démesurées. Si tout le monde se comprend et tombe d’accord… let’s go lapinous !
Pour les projets non retenus, nous essayons d’envoyer un petit mot expliquant la raison avec quelques conseils. Il se peut que l’on vous redirige vers des confrères que l’on pense mieux adaptés par rapport à la ligne éditoriale.
Bien sûr, si un·e auteur·ice a déjà publié chez lapin, il arrive que l’on saute quelques étapes (et encore, pas toujours). Parfois l’auteur·ice évoque un thème et nous en discutons autour d’un verre. C’est parfois lapin qui réclame une suite ou un nouveau livre !