Vous avez certainement déjà vu passer plusieurs versions du fameux camembert de l’édition qui symbolise la répartition du prix d’un livre entre les différents acteurs de la chaîne du livre. Mais la réalité est loin d’être aussi simple qu’un fromage.
Cet article est basé sur nos chiffres de l’année 2020 et est légèrement simplifié : nous n’avons pas pris en compte le pourcentage des ventes directes (qui augmente dans les faits la part de l’auteur).
Les parts du libraire, du distributeur, du diffuseur et de l’auteur sont fixes. Mais les parts tant de l’éditeur que de l’imprimeur sont très fortement variables. Pourquoi ?
Parce que quel que soit le nombre d’exemplaires du livre vendu, l’imprimeur est payé pour la totalité des exemplaires imprimés !
Prenons un livre classique, tiré à 3000 exemplaires et vendu à un peu plus de 1000 exemplaires. La part imprimeur est de 19% et l’éditeur touche ce qu’il reste, soit 7% du prix du livre (oui, moins que l’auteur).
Le plus intéressant est ce qui se passe si le livre est déficitaire… pour le libraire, diffuseur et distributeur, rien ne change, ils touchent toujours le même pourcentage. La part de l’auteur se limite à l’avance versée (1000 euros), ce qui augmente son pourcentage.
Exemple : le livre est tiré à 800 exemplaires et a été vendu à 230 exemplaires. Forcément, le tableau des pourcentages s’affole.
Pourquoi ? Parce que la part de l’éditeur est négative… Pour arriver à 100%, donc pour payer les autres acteurs de la chaîne du livre, il va devoir puiser sur ses fonds propres. La part de l’imprimeur passe à plus de 50% !
Plusieurs livres chaque année vont en passer par là, hélas.
Mais prenons des exemples plus optimistes, un livre qui a très bien marché 😉Tiré à 2000 exemplaires, puis retiré à 1500 exemplaires, avec une vente de 2300. L’imprimeur touche 13% et l’éditeur 11 %. La part auteur est passée à 10%. Tout le monde y gagne !
Enfin, dernier exemple, quid du bestseller ? La particularité de ces livres est que chaque tirage va s’épuiser complètement.
Dans cet exemple, pour un tirage de 4000 exemplaires, nous en vendons donc 4000 (en vérité, une proportion de livres abîmés, défraîchis et donc non-vendus devrait être déduite mais nous n’avons pas toujours ces chiffres dans le détail).
L’auteur touche 10 %, la part imprimeur n’est que de 8% (parce qu’on imprime en grandes quantités, ce qui diminue le coût à l’exemplaire). Et l’éditeur touche 16%.
La part de l’éditeur est plus importante car c’est avec cet argent qu’il va combler les déficits causés par les livres qui n’ont pas marché dont nous parlions au début et ainsi pouvoir continuer à éditer de nouveaux projets.
La boucle est bouclée !