Chronique "Les gens du bureau"
Yann Rambaud publie Les Gens du bureau, un recueil de dessins humoristiques prenant pour cadre le monde professionnel. En noir et blanc, le plus souvent cantonnés à une planche, ces derniers se parent d’ironie, de satire et parfois de cynisme.
De Lars von Trier à Stéphane Brizé en passant par les frères Dardenne ou Laurent Cantet, le monde du travail a fait l’objet de multiples déclinaisons au cinéma, dans des registres allant du film social à la comédie. Ces précédents issus du septième art peuvent s’avérer lourds à porter pour Yann Rambaud, dont les ambitions se traduisent davantage par l’humour que par la narration dramatique. Mais l’auteur et dessinateur en reproduit néanmoins certains motifs, puisqu’il dépeint la vie d’entreprise comme une bulle spatiotemporelle où l’absurde le dispute au désarroi ou au harcèlement. Et tant qu’à chercher des ponts vers l’écran, c’est plutôt le petit, avec les deux séries The Office, qui collerait au mieux à cet album irrévérencieux.
Jugez plutôt : des communicants friands de « franglish » peinent à se faire comprendre de leurs collègues ; un patron assène à son employé que si les machines ne l’ont pas encore remplacé, c’est uniquement à la faveur des flagorneries qu’il lui dispense ; la réponse au harcèlement sexuel consisterait à… être un homme ; le télétravail se résume à regarder la télévision grossièrement avachi dans un canapé…